Introduction
En complément du tour du Monde des poupées traditionnelles et des poupées folkloriques russes, américaines et japonaises, nous abordons ici les influences réciproques entre les cultures du Monde et leurs poupées.
Qu’il s’effectue par voie terrestre ou maritime, le commerce entre peuples lointains a toujours eu, outre une importance économique, une dimension culturelle. Quand les européens ont commencé à s’établir sur le continent nord-américain au XVIe siècle et à commercer avec les peuples autochtones, il y eut non seulement un échange de biens matériels, mais également d’idées culturelles et de connaissances. De même, lorsque le Japon s’est ouvert au commerce avec l’Amérique et l’Europe en 1854. Parmi ces biens, on ne sera pas surpris de voir figurer les poupées, convoyeuses d’idées par excellence.
Tandis que certaines poupées sont réalisées par les autochtones pour représenter leur propre culture, d’autres sont créées par des étrangers pour présenter leur vision de cette culture. Ainsi, ces dernières peuvent apparaître stéréotypées, voire offensantes (photos ci-dessous, Barbie en indienne Navajo).
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Amérique du Nord
Mais les colons américains eux-mêmes n’échappent pas aux stéréotypes, tels ces hillbillies, blancs pauvres des régions montagneuses (photos ci-dessous).
Dans le Sud des États-Unis, la plupart des enfants des colons étaient élevés par des femmes esclaves noires. Le personnage archétypique de Mammy, domestique bienveillante et loyale, s’impose. Elle apparaît dans des films de fiction, sous forme de poupée et aussi comme mascotte des produits alimentaires de la marque Aunt Jemima (photo de gauche ci-dessous). Mais, considérée comme un stéréotype raciste, Mammy disparaît des emballages de ces produits et la marque est rebaptisée Pearl Milling Company (photo de droite ci-dessous).
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Une cargaison de poupées élisabéthaines (photos de gauche et du centre ci-dessous) arrive dans le Nouveau Monde en 1585, apportée par Sir Walter Raleigh au moment où il colonise la Virginie. Alors que les images de ces poupées commerciales ne sont pas facilement disponibles, il existe cependant une aquarelle de John White datant de 1585 et montrant l’échange entre une mère algonquine et sa petite fille jouant avec une poupée élisabéthaine (photo de droite ci-dessous). Thomas Hariot, un conseiller scientifique qui navigue vers Roanoke (Virginie) à la même époque, remarque que les autochtones sont “ravis des poupées et bébés amenés d’Angleterre.”
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Ce n’est pas une coïncidence si les poupées sont à la fin du XVIe siècle un mode primordial d’échange culturel et de plaisir. Dans son ouvrage “Early North american doll making” (La fabrication de poupées en Amérique du Nord au temps des colons), Iris Sanderson Jones note que “l’exploration du Nouveau Monde et le développement des poupées jouets sont des événements simultanés car les deux sont nés de la période de découverte qui suivit le Moyen-Âge… Ce fut la fin d’une époque d’introspection, et le début d’une époque d’ouverture au Monde. Il y eut une nouvelle curiosité et une nouvelle créativité… On a trouvé quelques poupées enterrées dans des tombes romaines, mais pas de trace de leur fabrication professionnelle quotidienne avant le XIVe siècle, quand les pêcheurs européens ont commencé à exploiter les eaux de Terre-Neuve.”
En l’espace d’une centaine d’années, les poupées deviennent très populaires en Europe. Au XVIIe siècle, les riches européens collectionnent des miniatures qui sont des jouets pour adultes. Au XVIIIe siècle, la fabrication de poupées en Europe, en particulier comme mannequins de mode, est en progrès. Tandis que quelques unes de ces poupées sont commandées pour les enfants, la plupart sont produites pour les adultes et ne sont pas destinées au jeu.
Iris Sanderson Jones remarque également qu’avant l’arrivée des colons, la plupart des tribus indiennes d’Amérique destinaient les poupées à des usages rituels. Les Hopis, une des tribus Pueblo, semblent être l’un des rares peuples indigènes à fabriquer des poupées jouets avant l’arrivée des européens. Leurs Tithu, ou poupées Kachina (photo de gauche) servaient à enseigner aux enfants par le biais du jeu et du conte leurs croyances spirituelles en des êtres immortels.
Les poupées sont vraisemblablement courantes dans la culture Inuit (Nord Alaska, Groenland, Nord Canada) depuis plus de 2000 ans. Faites en stéatite (pierre à savon) ou en os (photo de droite), elles sont destinées à transmettre aux enfants les us et coutumes populaires. Les filles apprennent des gestes de survie comme la préparation des peaux, leur découpage et leur couture, tandis que les garçons possèdent des poupées équipées de chiens de traîneau et d’armes miniature pour la chasse.
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Les poupées représentent la vie en miniature. Elles offrent aux enfants l’opportunité de prendre modèle sur les hommes et femmes adultes de leur société. Il semble ne pas y avoir de récit évident du commencement de la fabrication de poupées jouets par les cultures amérindiennes telles que les Séminoles, les Navajos, les Ojibwés, les Sénécas ou les Lakotas, qui sont productrices de poupées aujourd’hui. Ces cultures, influencées par leurs contacts avec des européens détenteurs de poupées, s’en sont inspirées pour en produire au moyen de matériaux locaux comme les enveloppes de maïs, les gourdes, les peaux de cerf, les fourrures, et de matériaux achetés aux marchands européens tels que perles, tissus et ferraille. Les poupées amérindiennes ainsi fabriquées expriment des représentations culturelles changeantes et sont destinées au jeu et à l’éducation.
Tandis que les fillettes des familles fortunées et nobles du continent européen au XVIIe siècle aspirent à posséder une poupée élisabéthaine commerciale, les petites filles récemment installées du Nouveau Monde peuvent au mieux espérer acquérir un bébé Bartholomew ou une poupée hollandaise. Le premier, ainsi nommé parce qu’il est vendu à la foire londonienne de Bartholomew, est une poupée en bois sculpté sans membres, peinte et habillée de vêtements en papier et chutes de tissu aux couleurs criardes (photo de gauche ci-dessous). Produite en grandes quantités, ses vêtements ne résistent pas au jeu plus de quelques jours. Aucune d’entre elles n’est parvenue jusqu’à nous. La seconde, également appelée bébé de Flandre, est fabriquée par des familles d’artisans bavarois dans les villages alpins jusqu’au XXe siècle (photo de droite ci-dessous). Ces deux types de poupées bon marché ont fait leur chemin dans le Nouveau Monde, vendues aux amérindiens et commercialisées dans les magasins pour colons.
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Les premiers colons européens à occuper le Nouveau Monde de la fin du XVIe siècle au XVIIe siècle et au-delà connaissent des temps difficiles, avec peu de place pour le jeu. Même les enfants doivent travailler toute la journée, et les ressources pour les beaux habits et les jouets ne sont pas disponibles. Cependant, les puritains qui peuplent les premières colonies des rivages orientaux de l’Amérique du Nord n’interdisent pas pour autant le divertissement et les jouets : il existe des preuves de la disponibilité de poupées et jouets pour les enfants des premiers colons. Dans son ouvrage “American folk dolls” (Poupées américaines folkloriques), l’auteure Wendy Lavitt mentionne une ligne dans le grand livre de 1651 d’un magasin de Salem (Massachusetts) où il est question d’un fermier qui achète “du sucre pour la bonne épouse et pour les enfants une poupée et un appeau”. En outre, les fouilles d’un campement de guerre révolutionnaire britannique à New York révèlent des jouets tels que des assiettes en étain, un agneau en faïence, des sonnettes, ou des jouets rotatifs en métal cranté sonores.
Au XVIIIe siècle, les colons du Nouveau Monde deviennent plus prospères, et leur comportement envers les enfants s’adoucit. Les enfants ne sont plus considérés comme des petits adultes, mais comme une catégorie humaine avec ses propres besoins. Les parents bien intentionnés, et les enfants eux-mêmes, peuvent parfois fabriquer des poupées et des jouets à partir de matériaux disponibles : épis et enveloppes de maïs, cuir, morceaux de bois, cuillers en bois, noisettes, fruits secs, herbes tressées, pinces à linge, fils et chutes de tissu. On peut supposer que les colons apprennent les usages de ces matériaux des amérindiens.
Laura Ingalls Wilder, écrivaine américaine à succès, auteure de “La petite maison dans la prairie”, nous parle de sa poupée, simple épi de maïs enveloppé dans un mouchoir, tandis que sa grande sœur joue avec la poupée en tissu faite par sa mère. Nombre de ces premiers poupées et jouets, élaborés avec différents degrés de savoir-faire et de talent artistique, sont aujourd’hui la personnification de l’art populaire américain et expriment l’esprit, l’imagination et le succès des autochtones et des colons. Malgré des innovations réussies dans la production de poupées en Europe, la fabrication manuelle de poupées et jouets reste une constante pour les enfants américains jusqu’au XXe siècle. Il a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour que la fabrication professionnelle des poupées commence à s’industrialiser en Amérique.
Îles Caraïbes
Non loin du continent américain, les îles des Caraïbes proposent des poupées représentant des autochtones, aujourd’hui largement destinées aux touristes : poupée en paille typique de Nassau, Bahamas (photo de gauche ci-dessous) ; poupée danseuse de Cuba (photo du centre ci-dessous) ; poupée de Miss Cayman, exprimant la perception de la beauté dans les îles Cayman (photo de droite ci-dessous) ;
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Cudjoe et Nanny, poupées jamaïcaines des années 1950, habillées en couleurs vives et portant un chapeau de paille pour aller au marché (photo de gauche ci-dessous) ; poupées haïtiennes, vêtues de couleurs chatoyantes typiques de l’île et portant une coiffe traditionnelle (photo de droite ci-dessous).
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Mexique
Comme toutes les poupées d’Amérique, celles du Mexique expriment la mixité culturelle des styles européen et amérindien. Les deux poupées ci-dessous à gauche illustrent l’influence espagnole sur la culture mexicaine. À droite, poupées Maria en tissu joyeuses et colorées, aux cheveux tressés ornés de rubans, faites à la main par des femmes de l’ethnie Mazahuas dans l’État libre de Querétaro.
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Amérique centrale
En Amérique centrale, les poupées soucis ou “muñequitas quita pena” du Guatemala sont très populaires depuis longtemps et font partie des anciennes croyances de l’ère post-Maya (photo de gauche ci-dessous). Ces petites poupées représentent les femmes autochtones du pays et sont appelées “chamulitas” car elles appartiennent à l’ethnie Chamula du Guatemala. Dans ce pays, une croyance populaire affirme que les personnes ayant un problème peuvent trouver de l’aide auprès des “quita pena” en les plaçant sous leur oreiller avant de dormir, les poupée venant éloigner le problème pendant la nuit.
La robe “pollera” (photo de droite ci-dessous) est portée durant la danse nationale du Panama, “el tamborito”. Cette robe présente plusieurs rangs de ruche rouges. Sur les côtés de la tête, la poupée porte des ornements de fleurs (“tembleques”).
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Amérique du Sud
Bien que l’île de Trinidad soit située en Amérique du Sud, elle est souvent assimilée aux Caraïbes. Le tambour métallique (steel drum) est un instrument traditionnel de la musique de rue à Trinidad. Cette poupée en tissu (photo de gauche ci-dessous) représente un joueur de steel drum.
Ces poupées brésiliennes vintage des années 1950 en feutre représentent deux femmes en chemin pour le marché avec leur panier vide (photo du centre ci-dessous). Elles portent un collier de perles, des boucles d’oreilles et un bracelet. Les yeux et la bouche sont également en feutre.
L’étiquette de cette poupée du Paraguay de 28 cm mentionne que c’est une “Brash Bellita” (photo de droite ci-dessous). Typique de ce pays méconnu, du cigare qu’elle fume joyeusement jusqu’à ses grands pieds nus, elle est faite en tissu grossier, mais son chemisier délicat et le panier sur sa tête ajoutent à son charme.
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Ce gaucho vintage originaire d’Uruguay (photo de gauche ci-dessous) de 26 cm en costume traditionnel possède des bras articulés, des cheveux moulés et des yeux peints.
À la gare d’Ollantaytambo au Pérou, les vendeurs de rue attendent l’arrivée du prochain train pour le célèbre site Inca du Machu Picchu. Enveloppés dans les couvertures bariolées qu’ils vendent, ils exhibent des paniers remplis de poupées OOAK faites à la main et vêtues de robes locales également colorées. Elles portent des jupes entièrement tissées, parfois brodées. Certaines portent le traditionnel iliclla (mot quechua pour tissu de renforcement) sur leurs épaules. Leurs traits de visage sont brodés. Leurs chapeaux sont très variés, et reproduisent ceux portés par les autochtones dans diverses régions des Andes. Cette poupée en tissu (photo du centre ci-dessous) de 17,1 cm en robe péruvienne traditionnelle cousue à la main et à la machine, tissée, crochetée et brodée possède un corps bourré de tissu. Elle porte une jupe tissée, un iliclla, un chapeau crocheté et des sandales en caoutchouc. Ses deux longues tresses sont faites de fil.
Ce couple de poupées vintage d’Argentine en vinyl dur (photo de droite ci-dessous) représente un gaucho et sa dame. Le gaucho (23 cm) porte un chapeau en feutre noir, un bandeau et un foulard blancs, un boléro noir orné d’une bande rouge, une chemise blanche, un zarape (sorte de châle) tissé multicolore, une ceinture noire, un pantalon noir large de gaucho orné d’une ganse verte et jaune sur des hauts-de-chausses blancs à revers en dentelle et des bottes noires. Une cravache noire est attachée à son poignet droit. La dame a des tresses brunes tenues par un bandeau blanc avec un nœud sur le dessus, des créoles en or, un foulard blanc, une robe en coton imprimé rose avec bord en dentelle, un tablier à impressions florales bordé de dentelle, un jupon blanc, des sous-vêtements verts et des chaussures blanches à lacets.
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Cette poupée vintage des années 1960 mesure 20,5 cm et représente une jeune travailleuse vénézuélienne portant un panier en paille rouge sur la tête et des petites créoles vertes (photo de gauche ci-dessous). Son corps en feutre repose sur un cadre métallique et soutient une tête en bois aux traits peints. Ses cheveux en laine noire séparés par une raie médiane sont retenus par une longue tresse tombant sous ses hanches. Elle se tient debout sur une rondelle de bois découpée dans une branche d’arbre portant l’inscription “Venezuela” à l’encre noire. La poupée est vêtue d’un ensemble typique du Vénézuéla constitué d’un chemisier blanc à manches courtes orné de dentelle au cou et d’une jupe en coton bordée de dentelle à impressions florales rouges, jaunes, crème et vertes. Elle porte une large ceinture en feutre noir et une paire d’alpargatas, sandales vénézuéliennes typiques.
Ce couple de paysans colombiens mari et femme de taille 12 cm à corps en plastique et membres mobiles (photo du centre ci-dessous) repose sur deux disques de plastique de 3,5 cm de diamètre laissant une jambe sur deux libre de se mouvoir. Leurs yeux et sourcils, ainsi que la moustache noire de l’homme, sont peints. L’homme porte des cheveux noirs raides mi-longs et la femme de longs cheveux roux réunis en une tresse tombant sous la taille. Elle est habillée d’une longue pollera (grande jupe traditionnelle) en coton noir ornée d’une bande en zigzag en coton rouge au-dessus de l’ourlet et d’une autre en coton jaune à mi-hauteur de la jupe, et d’un chemisier blanc à manches longues et col en V orné de dentelle sur le devant et aux poignets. Elle porte des sandales de coton blanc à lacets noirs. Sa tête est couverte d’un large foulard noir et d’un chapeau de paille, ayant remplacé un chapeau traditionnel colombien (sombrero vueltiao) en feuilles de palmier tressées. Son bras droit tient un panier en feuilles de palmier tressées de couleur naturelle ou teintes en deux tons de brun-jaune, contenant de faux œufs en styropor (marque commerciale de polystyrène expansé). L’homme est vêtu d’un large pantalon bleu en tissu tressé épais, d’une chemise en coton blanc à manches longues et col haut, d’une ceinture en coton blanc et de sandales de coton blanc à lacets noirs. Sur son épaule droite est plié un châle à franges à teinte de gruau grossièrement tissé (ruana). Il portait à l’origine un “sombrero vueltiao”, détérioré et remplacé par un chapeau de paille. Il a comme accessoires une sacoche en cuir rouge et un bâton de marche en fil blanc enroulé.
La Bolivie possède la plus large proportion de population autochtone d’Amérique du Sud (60 %), l’ethnie indigène dominante étant les Amaras. Les femmes autochtones (cholitas), comme représentées par cette poupée de 13 cm (photo de droite ci-dessous) sont traditionnellement vêtues de grandes jupes en couches, d’une couverture bariolée tissée à la main et d’un chapeau melon marron de style anglais.
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Océanie
La vaste étendue de l’Océanie (8 526 000 km²) offre de nombreuses similarités de styles, bien que ses peuples et cultures soient très divers. En Australie, le peuple autochtone des aborigènes comprend les premiers humains connus à avoir peuplé la partie continentale du pays. Ils ont donné lieu à de nombreuses représentations sous forme de poupée, dont ce couple de taille 39 cm réalisé à la main dans les années 1930 (photo de gauche ci-dessous), où la femme tient un boomerang dans sa main droite.
À l’instar du hillbilly américain, le swagman australien est un stéréotype de vagabond durant les dépressions des années 1890 et 1930 (photo du centre ci-dessous). Il marche de ferme en ferme en portant son baluchon (swag) pour trouver du travail. Les bouchons suspendus à son chapeau servent à chasser les mouches.
En Nouvelle-Zélande, les Maoris sont un peuple polynésien autochtone installé par vagues successives à partir du VIIIe siècle. Cette poupée en plastique portant un manteau de plumes illustre la tenue traditionnelle des Maoris (photo de droite ci-dessous).
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Cette poupée de 15 cm aux yeux dormeurs jaunes représentant un policier noir des Fidji (photo de gauche ci-dessous) est vêtue d’un sulu, jupe traditionnelle portée par les hommes et les femmes depuis la colonisation de l’archipel au XIXe siècle. Importé à l’origine par les missionnaires de l’archipel des Tonga, il habille les fidjiens pour montrer leur conversion au christianisme. Outre le sulu en coton de couleur crème, la poupée porte un chemisier en feutre noir à boutons dorés peints et une large ceinture rouge et verte.
Originaire de la vallée de Mendi dans les Hautes-Terres méridionales de Papouasie-Nouvelle-Guinée, cette surprenante poupée de deuil (photo du centre ci-dessous) est aussi appelée “poupée d’expiation”, car elle est conservée en mémoire de l’impératif de vengeance d’un clan suite au meurtre d’un de ses membres. Elle est construite par application de papier mâché local en fibre de brousse sur un cadre en bois ou en bambou. Elle porte sur la tête un bilum (filet végétal traditionnel) tissé et un collier en larmes-de-Job autour du cou.
D’une taille de 33 cm, cette poupée tout en composition produite par Ideal Novelty & Toy Co. et datant de 1939/1940 représente une Shirley Temple hawaïenne (photo de droite ci-dessous). Elle possède des cheveux en fil, des yeux peints et une bouche ouverte sur une rangée de dents.
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Vêtue d’une robe blanche à motifs verts et noirs, cette poupée bâton de l’île de Guam en bois de pago (photo de gauche ci-dessous) a été produite en 1966 à l’atelier de réhabilitation de l’île.
Les visages de ce couple de poupées vintage des Philippines de taille 29 cm datant des années 1950 (photo du centre ci-dessous) sont vraisemblablement en papier mâché ou en bois peint. L’homme porte une chemise rose, verte et jaune et un pantalon marron à rayures avec une ceinture en tissu. Ses sandales ont des semelles en carton et des empeignes en satin. Son corps, ses membres et ses mains à doigts cousus séparément sont en tissu. Le haut des bras et des jambes de la dame sont en tissu, et des chaussons noirs sont peints sur ses pieds en papier mâché ou en bois. Elle porte une robe Maria Clara traditionnelle (traje de mestiza) en soie verte décolorée, un corsage orné de tulle et un jupon en soie vert foncé.
Cette poupée ancienne en tissu de 35,5 cm originaire de l’archipel des Tonga (photo de droite ci-dessous) est faite à la main à partir de matériaux naturels locaux : tapa, raphia, perles, cauris, plumes.
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Asie
La robe traditionnelle de Corée (hanbok) est constituée d’un chemisier (jeogori) et d’une jupe longue (chima). De couleurs vives, elle peut être décorée de broderies. Cette poupée de 68 cm vêtue d’une hanbok (photo de gauche ci-dessous) a été offerte à la reine d’Angleterre Elizabeth II en février 1953 par des étudiantes de l’université de femmes Ehwa de Séoul. Cette université servait à l’époque d’hôpital pour les combattants britanniques et américains de la guerre de Corée.
Ce couple de poupées chinoises anciennes de 46 cm au sourire doux (photo du centre ci-dessous) date des années 1900. Il possède une belle finition, des têtes en papier mâché avec des traits de visage peints, des orbites sculptées et un corps en mousseline avec des avant-bras en papier mâché et des jambes en bois. Il porte de superbes costumes brodés en soie ancienne, des chaussons décorés et des coiffes élaborées.
L’opéra chinois est un mode d’expression complet où se croisent le conte, la danse, l’acrobatie, le chant et la musique. Ce groupe de 11 poupées de caractère en papier mâché sculpté à la main datant de la fin du XIXe siècle (photo de droite ci-dessous) représente des personnages de l’opéra chinois. Il possède des cheveux sculptés, des teints de visage colorés pour exprimer le caractère, des perles noires dans des orbites profondes simulant des yeux en verre, et des mains et pieds en bois sculpté conçus pour un usage comme marionnettes. Chaque poupée porte un superbe costume d’origine en soie avec appliqués de bijoux, fourrures et autres riches ornements.
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Les robes traditionnelles de Taïwan diffèrent peu des robes chinoises. Cette poupée taïwanaise (photo de gauche ci-dessous) à traits peints portant un bébé sur son dos est vêtue d’un changpo et d’une surveste, généralement mis par les personnes aisées ou lors d’occasions spéciales. L’utilisation de soie pour la surveste et le porte-bébé montre la richesse du personnage. La poupée est habillée d’une robe vert citron à manches longues et bords jaune pâle. Le bébé porte une capuche rose pâle décorée de noir. Les cheveux noirs de la poupée se divisent en deux longues tresses tenues par deux rubans jaune pâle et sont ornés de deux fleurs roses à feuilles vertes.
De nombreuses mariées vietnamiennes portent aujourd’hui une copie de la tenue royale de Nam Phuong, dernière impératrice du Vietnam. Cette poupée de 30,5 cm faite à la main par l’artiste Hoang Kim (photo du centre ci-dessous) porte une telle tenue.
Le Lakhon est une forme traditionnelle thaïlandaise de théâtre dansé de cour exercée par les femmes. D’inspiration hindouiste, elle raconte l’histoire du roi Rama qui vainquit les forces du mal. Ce couple de poupées de 28 cm (photo de droite ci-dessous) représente des danseuses de Lakhon portant des costumes élaborés en tissu doré décoré de rubans, perles et paillettes.
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Les danses de Kandy sont une variété de danses sacrées traditionnellement exécutées dans la région de la ville de Kandy au Sri Lanka. Cette ville, important centre de pèlerinages pour les adeptes du bouddhisme theravāda, a conservé sa fonction de capitale religieuse du pays. La danse Ves est la plus populaire des danses de Kandy. À l’origine exclusivement exécutée par des hommes, elle est issue de l’ancien rituel de purification “Kohomba yakuma”, en référence au dieu Kohomba. Ce couple de poupées de 27 et 31 cm (photo de gauche ci-dessous) représente des danseurs Ves en tenue typique, comprenant la coiffe en couronne argentée.
Navratri ou Navaratri (en sanskrit, littéralement “neuf nuits”) est une manifestation hindoue qui célèbre durant neuf nuits et dix jours des formes diverses de la Shakti, l’énergie féminine divine, principalement la déesse Durga qui est très fêtée dans l’Est de l’Inde durant cette période. Le Golu est une exposition en marches d’escalier de figurines de terre que l’on réalise en Inde du Sud pour fêter la Navaratri. Les premières marches représentent la vie quotidienne. Les marches suivantes sont consacrées à des scènes de la mythologie indienne. Enfin, les dernières marches représentent chacune une divinité. Ce sont les femmes et les enfants qui préparent cette exposition puis se rendent les uns chez les autres afin de voir leurs Golus respectifs. Ces poupées en papier mâché vêtues de beaux atours (photo du centre ci-dessous) sont destinées au Navaratri Golu.
Une varmala, ou jaimala, est une guirlande de mariage indienne échangée entre les futurs époux pour sceller officiellement leur union, qui trouve son origine dans les Védas (textes sacrés de l’hindouisme). Cette poupée en sari vert (photo de droite ci-dessous) ornée de bijoux porte une varmala autour du cou. Réalisée à la main dans un petit village du Bengale, les parties de son corps sont en tissu bourré de coton sur un cadre métallique, sa tête est en plâtre de Paris.
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La localisation géographique du Japon entre la côte occidentale des États-Unis et la Chine, ajoutée à la rumeur de l’existence d’une source japonaise de charbon, idéale pour alimenter les nouveaux navires à vapeur américains lors de leurs trajets dans le Pacifique, ont fait de l’établissement de relations diplomatiques et commerciales entre le Japon et les États-Unis un objectif désirable. Depuis 1639, le Japon avait limité son commerce à des affrètements spéciaux sur les navires chinois et hollandais. Le 8 juillet 1853, le commodore américain Matthew Perry mène quatre navires dans le port d’Edo Bay (Tokyo) avec le but de rétablir sur une base régulière le commerce et les communications entre le Japon et l’Occident, après plus de 200 ans d’isolement : le 31 mars 1854 est signé le traité de Kanagawa, rétablissant les relations avec le Japon.
Le commodore Perry échange des présents avec l’empereur du Japon. Avec les premières négociations commerciales, il rapporte une paire de mitsuore ningyō. Ces poupées bébés à trois articulations, recouvertes de gofun, sont fabriquées au Japon depuis l’ère Edo (1615-1868). Des ichimatsu ningyō, type de poupées traditionnelles japonaises similaires aux mitsuore, furent présentées à l’exposition internationale de Londres en 1851. Une poupée similaire fit rapidement son chemin vers Sonneberg, un des hauts-lieux de la fabrication de poupées en Allemagne, produisant le style de poupée “taufling” (baptême). Ces bébés parlants ont des caractéristiques directement copiées sur leur modèle japonais : bustes en papier mâché avec cou fixe ou pivotant, hanches et jambes en papier mâché ou en bois. Bras et jambes, souvent dotés d’articulations flottantes, ainsi que le milieu du torse, sont reliés par du tissu. Les premiers bébés taufling ont des yeux de verre noirs en amande et des touffes de cheveux peintes au-dessus des oreilles, tout comme les poupées bébés japonaises, et sont rapidement produites en grande série. Des modifications leur sont apportées au milieu des années 1850 : remplacement du papier mâché et du bois par de la porcelaine émaillée ; introduction d’éléments occidentaux tels que le bandeau d’Alice. En fin de compte, les ichimatsu et mitsuore inspirent les nouvelles poupées bébés et enfants européennes et les bébés français qui s’ensuivent.
La fascination occidentale pour les poupées japonaises s’exprime aussi dans l’art : en 1881, l’artiste américain Thomas Nast publie dans le magazine “Harper’s weekly” un dessin de Santa Claus tenant une poupée japonaise (photo de gauche ci-dessous) ; un autre artiste américain, Charles Weldon, connu pour ses inspirations japonaises, produit en 1883 “Dream-Land”, peinture d’une fillette endormie sur un divan, tenant une poupée française en biscuit et accompagnée de poupées japonaises la regardant (photo de droite ci-dessous).
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L’exposition internationale de 1862 à Londres est le premier événement public où l’art et les objets culturels japonais sont exposés en Europe. D’autres événements de ce type suivent dans des villes européennes au cours du XIXe siècle, donnant naissance au japonisme dans la culture occidentale. En fin de compte, le commerce des idées et de la culture est réciproque. De belles geisha (également appelées geiko ou geigi, ce sont des artistes et des dames de compagnie qui consacrent leur vie à la pratique artistique raffinée des arts traditionnels japonais lors de prestations d’accompagnement et de divertissement pour une clientèle très aisée) et maiko (apprenties geisha dans l’Ouest du Japon, en particulier à Kyoto, leur emploi consiste à chanter, danser et jouer du shamisen pour les visiteurs à l’occasion des fêtes) posent pour des photographes de cartes postales vendues aux touristes. Des images d’avant le tournant du XXe siècle montrent des japonaises en coiffure et kimono traditionnels (photo de gauche ci-dessous). À l’aube du XXe siècle, on voit apparaître des images de japonaises toujours en kimono, mais avec des coiffures imitant celles des femmes occidentales (photo de droite ci-dessous).
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Les femmes occidentales s’entichent de la soie japonaise, et l’industrie de la soie pour l’export prospère rapidement. Des robes de style occidental sont confectionnées en soie de kimono à la fin du XIXe siècle. Les femmes occidentales ont aussi une forte tendance à porter librement le kimono au début du XXe siècle. Cela constitue un défi lancé à la répartition traditionnelle des rôles au sein de la société.
Les coiffures des enfants et des poupées sont également influencées par les échanges culturels. Au début du XXe siècle, les filles japonaises portent souvent un chignon au-dessus de la tête enveloppé devant et derrière dans une bande de tissu rouge, avec une frange pendant librement ou avec deux boucles de cheveux au sommet de la tête. Les cheveux des garçons sont habituellement rasés, avec des touffes près des oreilles et parfois un anneau de cheveux de type nœud supérieur ou tonsure (photo de gauche ci-dessous). Tandis que les femmes européennes et américaines adoptent la coupe au carré dans les années 1920, cette coupe se répand également chez les jeunes filles. Au Japon, où elle prend le nom d’okappa, cette coupe se propage chez les filles (photo de droite ci-dessous), la frange qui l’accompagne étant extrêmement populaire.
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Dans les années 1920, un événement historique remarquable concernant les poupées se produit : le navire Siberia Maru accoste à Yokohama le 17 janvier 1927, transportant neuf boîtes de poupées “aux yeux bleus” dans le cadre de l’échange des poupées de l’amitié entre le Japon et les États-Unis. Il est suivi de sept autres navires desquels seront débarquées 12 739 poupées de grands magasins, distribuées dans les écoles à travers le Japon à temps pour célébrer le festival des poupées Hina Matsuri le 3 mars.
Au-delà de leur chaleureux message d’amitié et de compréhension culturelle, les tōrei ningyō induisent des changements dans le monde des poupée japonaises grâce à leur immense beauté et au caractère culturel de leur iconographie. Avant la création des tōrei ningyō, les ichimatsu ningyō étaient pratiquement toutes masculines et pieds nus. À l’opposé, les poupées de l’amitié sont toutes féminines, représentant des fillettes d’environ sept ans portant la coupe de cheveux okappa. De plus, elles sont les premières de leur type à porter des tabi, chaussettes à pouce séparé adaptées aux sandales japonaises traditionnelles. Elles portent également une chemise enveloppante ou teddy, sous-vêtement occidental accompagnant typiquement les robes courtes.
Enfin, avant l’avènement des poupées de l’amitié, les artistes japonais ne signaient pas leurs créations, qui étaient alors identifiées par leur atelier de vente. Le nom de l’artiste était éventuellement inscrit sur un papier enveloppant le torse de la poupée, avec les informations sur l’atelier, mais aucune signature n’apparaissait sur le corps de la poupée. Un des neuf créateurs japonais des poupées ambassadrices, Goyo II, signait ses œuvres derrière leur tête, indiquant par là sa nature d’artiste et initiant le mouvement de la poupée d’art au Japon. En 1936, Goyo II présente triomphalement des poupées dans une exposition artistique au Japon (Miss Osaka, photo de gauche ci-dessous). En 1955, il est nommé trésor national vivant.
Les poupées de l’amitié sont une quintessence de la représentation de l’art et de la culture japonais reconnue partout en dehors du Japon, à l’instar des poupées Katsina pour les Hopis, des poupées élisabéthaines pour les premiers arrivants dans le Nouveau-Monde et des poupées artisanales en tissu pour les colons américains.
Sous l’égide du chancelier Akira Kusaka, président de l’université de femmes Mukogawa Gakuin, un retour au Japon en avril 1997 de Miss Hyōgo (photo de droite ci-dessous), la tōrei ningyō nommée d’après la préfecture de Hyōgo, est organisé à des fins de conservation, de restauration et d’exposition.
© Bill Gordon
Moyen-Orient
La baronne Sandra Belling est une aristocrate russe née en 1864. Exilée en Syrie après la révolution, elle enseigne la fabrication de poupées d’art et le ballet aux familles fortunées à partir des années 1930 et jusqu’à la fin des années 1940. Ses poupées en tissu couvert de jersey et aux traits sculptés à l’aiguille et peints à la main représentent des montagnards druzes. Le corps de chacune des poupées en tissu de 28 cm de ce groupe de huit, reposant sur un cadre métallique, est habillé d’une tenue syrienne traditionnelle élaborée dans ses moindres détails (photo de gauche ci-dessous).
La plus connue des tenues traditionnelles du Pakistan est le costume unisexe shalwar kameez. Le shalwar est un pantalon ample similaire à un pyjama, dont les jambes sont souvent larges dans la partie supérieure et étroites au niveau de la cheville. Le kameez est une chemise longue comme une tunique qui arrive à la moitié de la cuisse. Les coutures latérales, dénommées chaak, se laissent ouvertes en dessous de la ceinture, donnant à la personne qui le porte une grande liberté de mouvement. Pour les femmes, la tenue se complète avec l’usage d’un dupatta, voile relâché autour des épaules tombant sur la poitrine. Cette poupée de 25,5 cm (photo du centre ci-dessous) représente une femme pakistanaise à corps en tissu et tête et membres en biscuit, vêtue d’un shalwar kameez. Elle porte un large pantalon rose orné de coutures oranges aux ourlets, avec une chemise assortie à large bord aux poignets et de longs empiècements argentés. Une coiffe blanche couvre sa tête, elle porte des bracelets bleus, trois colliers à chaîne argentée, des boucles d’oreilles à perles oranges et jaunes, et des chaussures rouges peintes.
Originaire du Liban, cette poupée arabe musulmane vintage (années 1950-1970) faite à la main à tête en composition et corps en bois (photo de droite ci-dessous) mesure 19,5 cm. Articulée aux épaules et aux hanches, elle porte une tenue arabe traditionnelle du Moyen-Orient : gutrah ou keffiyeh, foulard blanc léger protégeant du soleil l’été maintenu par un agal, bandeau noir enserrant la tête ; dishdasha à rayures bleu marine et beiges, vêtement long qui arrive aux chevilles avec en général des manches longues ; large ceinture à motifs floraux autour de la taille ; pantalon long vert pâle ; bisht (manteau traditionnel pour hommes, populaire dans le monde arabe) en brocart d’or.
© Theriault’s © Museums Victoria © WorthPoint
L’atelier Corinne Creative Arts de New York a produit dans les années 1950 une série de poupées en tenue de mariée de différents pays du Monde intitulée “Corrine’s Brides of All Nations”. Cette poupée en plastique dur de 19 cm aux yeux dormeurs (photo de gauche ci-dessous), cheveux noirs, bouche fermée rouge et joues roses représente une mariée d’Israël. Elle porte une coiffe en filet bleu clair, une robe rose décorée de bric-à-brac bleu et argent, une ceinture dorée en tissu lustré, un voile extra fin à bords en bric doré, un jupon et une culotte en tulle blanc et des chaussures en vinyl blanc.
Les turcs ont coutume de mettre des habits de fête les jours fériés. Ce groupe de trois poupées représente une famille turque (père et mère 20,5 cm, jeune fille 14 cm) en habits de fête traditionnels (photo du centre ci-dessous). Corps, jambes et mains en plastique sur une armature métallique, elles possèdent des yeux transferts et des cils, lèvres, franges et moustache peints. Mère et fille sont coiffées de longues tresses noires tombant en-dessous de leur taille. La femme porte un ample pantalon (shalwar) rose en matière soyeuse, et une longue veste (kameez) noire en coton imprimé à motifs floraux rouges, blancs et bleus bordée d’une ganse dorée et fermée par une ceinture dorée. Sur sa tête, une coiffe noire de type fez à motifs géométriques marrons, vert menthe et argent surmontée d’un grand châle (çarşaf) tombant sur sa taille, en coton roux à motifs de fleurs et de feuilles blancs, verts, marrons et lilas bordés de noir. L’homme porte un fez rouge enveloppé d’une écharpe en coton vert fleuri, un shalwar en soie rouge, une chemise sans col en coton vert foncé à motif géométrique noir et blanc, une large ceinture en coton noir à fleurs vertes, blanches, rouges et marrons. Sur sa chemise, une veste noire bordée d’une ganse argentée. La jeune fille porte une jupe rose longue et une veste rose longue ouverte sur le devant et tenue par une large ceinture dorée. Les poignets, les bords de devant de la veste et l’ourlet de la jupe sont ornés d’une ganse argentée. Sur sa tête, une large charlotte de coton fin vert foncé à motifs de fleurs blanches. Les chaussettes et les chaussures des deux poupées adultes, dans le prolongement des jambes, sont en plastique.
L’exposition universelle de New York en 1939-1940, l’une des plus grandes de tous les temps, a eu lieu sur le site de Flushing Meadows-Corona Park. Cette belle et rare poupée irakienne (photo de droite ci-dessous) en composition articulée aux épaules et aux hanches y fut exposée. Un ruban doré en guirlande entoure son visage. Ses cheveux noirs à frange bouclée sont réunis en deux longues tresses. Elle porte une longue robe rose tenue par une large ceinture dorée, un pantalon en tissu élastique, une cape en satin noir et des chaussures à boucle.
© WorthPoint © National Costume Dolls © WorthPoint
Afrique
Les vendeurs d’eau sont une attraction commune dans les médinas marocaines. Équipés de coupelles en cuivre ou en étain et d’une giberne en cuir de chèvre ou de chameau pour transporter l’eau, ils flânent en faisant sonner une cloche pour attirer l’attention. Cette poupée (photo de gauche ci-dessous) en cuir de 28 cm représente un vendeur d’eau de Meknès en costume traditionnel.
L’une des femmes les plus célèbres et les plus puissantes de l’Histoire, la dernière reine d’Égypte Cléopâtre, a tenu un rôle déterminant pour restaurer la grandeur de son royaume. L’artiste américaine Cindy McClure a réalisé pour les Ashton-Drake Galleries une superbe poupée Cléopâtre de collection de taille 40,5 cm peinte à la main. Vêtue de satin et de velours, elle porte des ornements dorés, des faux bijoux étincelants et des pierres précieuses brillantes (photo du centre ci-dessous).
Originaire du Sénégal, cette poupée en tissu de 33 cm sur cadre métallique aux traits du visage brodés porte un boubou en patchwork aux couleurs chatoyantes et une coiffe blanche (photo de droite ci-dessous).
© National Costume Doll Collection © eBay © Lot-Art
En Éthiopie, la cérémonie quotidienne du café joue un rôle de socialisation entre voisins et parfois un rôle spirituel, la préparation (lavage des grains, torréfaction, mouture au mortier et ébullition) pouvant durer jusqu’à deux heures. Cette poupée de 12,7 cm en coton bourré sur cadre métallique faite à la main (photo de gauche ci-dessous) représente une femme éthiopienne en costume traditionnel versant du café du pot (jebena) dans les tasses (cinis) posées sur une table basse (rekebot).
Consterné par l’uniformité des poupées noires, le créateur nigérian Taofick Okaya a produit la ligne de poupées “Queens of Africa”, qui offrent une large gamme de teints de peau, de coiffures et de couleurs d’yeux, et sont habillées avec les tenues traditionnelles des ethnies Igbo, Yoruba et Hausa (photo de droite ci-dessous).
Dans la langue Zoulou, Ntomb’entle signifie “jolie fille”. Mise sur le marché en 2005 par la sud-africaine Molemo Kgomo, la gamme de poupées de 36 cm Ntomb’entle comble la lacune en jolies poupées noires auxquelles les petites filles peuvent s’identifier. Elles sont vêtues de tenues traditionnelles de huit ethnies d’Afrique du Sud : Zoulou, Sotho, Pedi, Swazi, Ndebele, Venda, Tsonga, Xhosa.
© Flickr © SBS
Europe
Autrefois soldats de plusieurs régiments et bataillons d’élite d’infanterie légère de l’armée grecque, les evzones sont aujourd’hui les membres de la garde présidentielle. Cette poupée de 18 cm (photo de gauche ci-dessous) représente un evzone en tenue traditionnelle, comportant les pompons caractéristiques sur les chaussures (tsarouhi).
L’artiste Stanka Kozareva fabrique de ravissantes poupées en tissu de 40 cm représentant des enfants en tenues traditionnelles bulgares.
Nereju est une commune située dans le comté de Vrancea, en Roumanie. Cette poupée de 21 cm produite par la société Arta Crisana représente une paysanne roumaine en costume traditionnel régional de Nereju (photo de droite ci-dessous).
© Athenian Candle © National Costume Doll Collection
Le pays de Călata, en hongrois Kalotaszeg, est une région ethnographique rurale transylvaine d’Europe centrale. Cette poupée de 40 cm (photo de gauche ci-dessous) représente une femme célibataire en tenue traditionnelle de cette région. Les traits de sa tête en porcelaine émaillée sont peints, son corps et ses membres sont rembourrés. Ses longs cheveux noirs tenus par un ruban sont réunis en une natte tombant sur sa taille.
La série internationale de Madame Alexander comprend des poupées de pays du Monde entier. Cette poupée marcheuse vintage blonde de 20 cm aux yeux bleus dormeurs numérotée 599, articulée au cou, aux épaules et aux hanches, représente un garçon autrichien (photo du centre ci-dessous). Il est habillé d’un short marron foncé en velventine tenu par des bretelles noires brodées de fleurs, d’un tee-shirt Henley blanc, d’une veste en feutre vert à boutons dorés, d’un chapeau à bec en feutre marron clair avec une plume blanche, de chaussettes montantes rouges à glands verts et de chaussures noires.
Piešťany est une ville située au bord du Váh, dans l’Ouest de la Slovaquie. Ce couple vintage de poupées slovaques (photo de droite ci-dessous) est habillé en tenue traditionnelle de la région de Piešťany. Les traits du visage, dont les yeux bleus, sont peints sur une tête en papier mâché. Les corps en tissu possèdent des membres articulés aux doigts cousus. Le garçon mesure 38 cm et la fille 33 cm.
© National Costume Dolls © Whispering City RVA © WorthPoint
Łowicz est une ville du centre de la Pologne située sur la rivière Bzura, à 74 kilomètres à l’Ouest de la capitale Varsovie. Cette poupée vintage en bois de 23 cm à cheveux en lin datant de 1976 (photo de gauche ci-dessous) est en tenue traditionnelle de Łowicz. Elle possède une tête fixe et des membres mobiles. Son tablier et sa jupe sont en laine épaisse ornée d’un ruban de velours noir. Elle est commercialisée par Cepelia, chaîne de boutiques de produits artisanaux polonais.
Les poupées russes ne sont pas toutes des matrioshka ! cette poupée de 26 cm à tête en porcelaine peinte à la main, importée de Moscou, porte une tenue et une coiffe russes traditionnelles (photo du centre ci-dessous).
La Géorgie, autrefois république soviétique, est depuis avril 1991 une nation indépendante. Ce couple de poupées vintage en vinyl (années 1970-1980) de 28 cm à traits du visage peints fabriqué à Moscou porte une tenue traditionnelle géorgienne (photo de droite ci-dessous). Les poupées possèdent une tête, des bras et des jambes mobiles.
© Poppentopper © The russian store © WorthPoint
La Laponie est la région la plus septentrionale de la Finlande. Peu peuplée, elle borde la Suède, la Norvège, la Russie et la mer Baltique. Sa capitale, Rovaniemi, est la porte d’accès à la région. C’est la terre natale du peuple indigène des Samis. Ce couple de poupées de 19 cm (photo de gauche ci-dessous) produit par la société finlandaise Ateljee Eveko porte la tenue traditionnelle des Samis de Rovaniemi.
Le comté de Värmland est situé au Centre-Ouest de la Suède. Ce couple de poupées allemandes de 51 cm en biscuit (photo du centre ci-dessous) fabriqué par la société Christian Friedrich Kling aux environs de 1890 pour Kämmer & Reinhardt porte une tenue traditionnelle brodée du comté de Värmland. Les poupées possèdent un buste et des avant-bras en biscuit, des yeux bleus dormeurs en verre, de longs cils et des sourcils peints, des narines accentuées, une bouche ouverte sur quatre dents en porcelaine, une perruque blonde en mohair et un corps en chevreau avec articulations cousues.
La région de Hardanger est située à ‘Ouest de la Norvège. Ce couple de poupées de 22 et 24 cm fabriqué par l’artiste norvégienne Hilda S. Ege originaire d’Oslo porte le costume traditionnel de Hardanger (photo de droite ci-dessous).
© National Costume Doll Collection © Theriault’s © National Costume Doll Collection
Læsø est une île du Danemark située en mer du Nord dans le détroit du Cattégat. Cette poupée de 17 cm en plastique dur à membres mobiles est habillée en costume traditionnel de Læsø (photo de gauche ci-dessous).
L’entreprise Walter Schneider a été fondée en 1934 à Neustadt bei Coburg, ville située au Nord de la Bavière et centre de l’industrie allemande du jouet. Elle est spécialisée dans la fabrication manuelle de poupées de pays de qualité. Ce couple de poupées Schneider de 30 cm en porcelaine (photo du centre ci-dessous) porte un costume traditionnel bavarois et des chaussures en cuir. Il arbore des visages peints à la main, des cheveux blonds et des yeux bleus en verre.
Le terme “poupée hollandaise” désigne habituellement, par confusion de “dutch” avec “deutsch”, des poupées en bois tourné fabriquées en Allemagne. Ce couple de poupées vintage de 20 cm en composition et bois aux visages peints à la main (photo de droite ci-dessous) est a contrario produit aux Pays-Bas, dans les années 1940. Probablement conçues comme poupées souvenir, elles portent une tenue traditionnelle hollandaise, incluant des sabots en bois. La tête, les bras et les jambes mobiles sont attachés à un torse en tissu bourré.
© Poppentopper © University of South Florida © Ruby Lane
L’entreprise britannique de poupées “Roddy Dolls” débute en 1934 à Southport (comté du Merseyside) sous le nom “Toy Time Toys Ltd”. Elle fabrique des poupées en composition puis en tissu, enfin en plastique dur à partir de 1948. Cette poupée marcheuse vintage joufflue de 30,5 cm (photo de gauche ci-dessous) a été produite par Roddy dans les années 1950. Elle arbore une perruque en mohair et des yeux dormeurs gris clairs. Sa tête bouge lorsqu’elle marche et ses membres sont articulés. Elle porte une robe en satin crème et rouge et des chaussures Charles IX blanches en vinyl.
La première mention des cornemuses en Écosse remonte au XVe siècle. Cette poupée vintage de 20 cm en plastique dur datant des années 1950 (photo du centre ci-dessous) représente une joueuse de cornemuse portant une tenue en tartan, un bonnet de hussard en fausse fourrure blanche et des bottes blanches. Elle arbore des cheveux blonds en saran et des yeux bleus dormeurs.
La danse traditionnelle irlandaise est vivace et très populaire. Cette poupée de 30 cm produite par la société “Allied Doll & Toy” (photo de droite ci-dessous) représente une fillette irlandaise en costume de danse traditionnel. Elle possède une tête en porcelaine à traits peints et des avant-bras et jambes en porcelaine, le reste du corps étant en tissu rembourré. Ses longs cheveux auburn très bouclés sont coiffés avec une frange et maintenus par deux rubans verts sur les côtés. Elle porte une robe ample sans manches en velours émeraude à col haut, brodée de motifs celtes entrelacés incluant le trèfle à trois feuilles, symbole de l’Irlande. Sur la robe, une veste courte à manches longues en velours vert sombre bordée de soie bleu pétrole. Ses chaussures souples sont caractéristiques de la danse à claquettes silencieuses.
© Go Antiques © Ruby Lane © National Costume Dolls
La maison française Bru produit des poupées prestigieuses de 1867 à 1899, en apportant une innovation attestée par de nombreux dépôts de brevets. La poupée Bru Hélène Alicia (photo de gauche ci-dessous) s’est vendue 17 000 £ en 2015 aux enchères de la maison Vectis à Thornaby, Teesside, comté de Durham et Yorkshire (Grande-Bretagne). Haute de 41 cm, elle possède des jambes en bois peint et porte une robe en soie bleue et rouge ornée de dentelle ainsi que ses chaussettes et chaussures d’origine.
Johann Huggler (1834-1912) est un célèbre sculpteur sur bois originaire de Brienz (Suisse). Ce couple de poupées en bois de 25 cm en tenue traditionnelle suisse (photo du centre ci-dessous) est attribué à Huggler. Dotées de têtes à rotules et de cheveux sculptés, les poupées articulées aux épaules et aux hanches arborent des yeux bleus peints regardant vers le haut et soulignés par un eye-liner noir épais et une bouche fermée sur un gentil sourire.
La sculpture sur bois est une activité traditionnelle du val Gardena, haute vallée alpine située dans les chaînes de montagnes des Dolomites, dans le Nord de l’Italie. Ce couple de poupées italiennes de 25 cm baptisé Eugenio et Eugenia (photo de droite ci-dessous) est quant à lui entièrement en porcelaine. Peint à la main et articulé au cou, aux épaules et aux hanches, il arbore des cheveux et des yeux marron. Il porte des costumes Renaissance en tapisserie et velours couleur pêche.
© BBC News © Theriault’s © Dear Little Dollies
Eros est une entreprise de poupées italienne concurrente de Lenci. Cette poupée en plastique de 17,5 cm à bras mobiles et jambes rigides produite par Eros (photo de gauche ci-dessous) représente une paysanne en costume traditionnel de Taormine (Sicile). Elle arbore des traits du visage peints et des cheveux noirs réunis en deux chignons sur ses oreilles et couverts par une écharpe en feutre blanc.
L’usine et le musée de poupées Marín sont situés dans la ville de Chiclana de la Frontera en Andalousie. Ce couple de poupées Marín de 23 cm (photo du centre ci-dessous) est habillé en costume régional de Catalogne.
Cette poupée de 22 cm datant des années 1950 (photo de droite ci-dessous) est vêtue d’un costume de fileuse de laine de Lisbonne. Elle a un visage peint à la main et des yeux dormeurs. Elle porte une cape en feutre marron sur un foulard qui lui couvre toute la tête, une chemise en coton blanc sous un corset en feutre marron, une jupe en feutre noir, un tablier jaune et des chaussures en cuir vert. Elle tient dans sa main gauche un petit fuseau en bois.
© National Costume Dolls © Poppentopper © Etsy
Conclusion
Minoa (ensemble méditerranéen de cités portuaires de Grèce, de Crète et de Sicile à l’âge de bronze), l’Égypte ancienne, la route de la soie sont autant de marqueurs historiques du partage de ressources et d’idées issu des phénomènes de commerce et de colonisation. En tant qu’expression archétypale de la forme humaine en miniature, les poupées véhiculent quant à elles des idées et des changements reposant sur le partage des cultures. Elles continuent à détenir un vaste potentiel de promotion de la compréhension, de la paix et de l’amitié entre les cultures, les races, les groupes sociaux et les individus.
Sources de la page
- Article “How dolls change culture, and are changed by cultural sharing : part I – to the Americas ; part II – across the Pacific” de Jennifer Anne Stewart, Doll News, printemps 2021
- Dolls of the world, international dolls at the St. Joseph Museum, Google arts & culture
