Apparu au cours du XIe siècle, le mot “poupée” designait alors un paquet de toile de lin. Directement dérivé du bas latin “puppa”, lui-même issu du latin classique “pupa”, signifiant “petite fille” ou “figurine anthropomorphe”, il prend au XIIIe siècle son sens actuel. Toutefois, on rencontre aussi “popine”, poupade”, et à la renaissance “poupine”, qui nomme aussi l’enfant au berceau.
La poupée est une représentation tridimensionnelle stylisée d’un être humain, destinée à de nombreux usages : amusement ou éducation des enfants, pratiques rituelles ou magiques, support de l’identification régionale ou ethnique, diffusion de la mode, décoration, œuvres d’art. Elle est réalisée en différents matériaux : bois, résine, terre cuite, biscuit, porcelaine, papier mâché, celluloïd, rhodoïd, cire, feutre, tissu, mousse ou plus généralement en plastique depuis environ un demi-siècle, et le plus souvent proposée vêtue. Elle peut aussi au sens large désigner la représentation d’un animal ou d’un être imaginaire.
Il ne faut pas confondre les poupées avec les figurines, lesquelles sont généralement composées de plastique et de métal et sont souvent commercialisées comme produits dérivés de films ou de feuilletons télévisés.
Il ne faut pas non plus les confondre avec les marionnettes, figurines articulées ou non, en bois, carton ou toutes autres sortes de matériaux (os, cuir, terre cuite), manipulées par une ou plusieurs personnes (les marionnettistes), traditionnellement cachées dans un castelet.
Sont également exclus les soldats de plomb ou en plastique, les santons, les essuie-plumes, pelotes à épingles, boîtes à bonbons, cache-théières, balayettes, pipes, téléphones, lampes, réchauds à œufs, fèves et autres figurines décoratives, les oursons et autres animaux en peluche, et les mannequins d’étalage.
Cependant, lorsque la poupée devient un objet d’intérêt pour l’artiste (voir Les artistes en poupées pionniers), les concepts et les matériaux évoluent, et le résultat devient aussi imprévisible et divers que ses créateurs. Durant les années 1970 et 1980, un autre mouvement artistique, la sculpture molle (faite avec des matériaux souples comme le tissu, le caoutchouc mousse, le plastique, le papier, les fibres, ou des matériaux naturels) a un profond impact sur le concept même de poupée, conduisant des artistes en poupées à se rapprocher de la sculpture. Les années 1980 voient l’avènement de nouveaux matériaux, tels que l’argile sans cuisson, le sculpey, la pâte fimo, le paperclay, qui se combinent bien avec le tissu et deviennent des supports d’élection pour la sculpture directe (sans moulage). Des matériaux traditionnels comme la porcelaine sont revisités, les formes moulées étant tordues et retouchées pour faire des pièces originales. Les matériaux naturels de récupération tirent l’art des poupées vers la sculpture sur matériaux mixtes. Les poupées en papier se combinent avec des matériaux de récupération dans des collages tridimensionnels. Des artistes choisissent d’altérer tout ou partie de poupées existantes, commerciales ou anciennes pour réaliser de nouvelles formes, tirant parfois sur l’abstrait.
La poupée est donc un objet que l’on retrouve à toutes les époques, dans toutes les régions et les cultures, et qui joue tous les rôles que la tradition ou l’imagination peut lui attribuer. Certains auteurs attribuent l’origine du mot à Poppée (Poppaea Sabina), deuxième épouse de l’empereur romain Néron, femme intrigante et belle. Une étymologie du mot “doll” viendrait du grec “eidolon”, qui signifie idole.
